Les deux anciens flics ont débarqué aux Jours, un peu réticents. Ils craignent la tendance des journalistes à « saucissonner », à « isoler les problèmes les uns des autres alors que tout est lié ». Les habitants des banlieues n’ont pas le monopole de la méfiance envers la presse. Raphaël Pochet et Frédéric Zagli ont passé respectivement un et deux ans dans les quartiers nord d’Aulnay-sous-Bois en tant que « délégués à la cohésion police-population ». Lorsque Michèle Alliot-Marie a créé ce dispositif, en 2008, il s’agissait de répondre à la crise de confiance entre l’institution policière et les cités, qui s’était accentuée depuis la suppression par Nicolas Sarkozy de la police de proximité six ans plus tôt. Des officiers à la retraite devaient jouer un rôle de médiateurs.
Chacun avait sa zone : Frédéric Zagli, ancien de la police de proximité parisienne, est affecté à la cité de l’Europe, ou « cité Emmaüs ». Au bout d’un an, il se voit aussi confier la Rose des vents, le quartier de Théo L.. Il est bientôt rejoint par Raphaël Pochet, 35 ans de PJ derrière lui, qui récupère le Gros Saule et les Mille-Mille. Pochet ne passe pas beaucoup de temps dans son petit bureau sans ordinateur ni téléphone, installé dans l’annexe du commissariat. Il part à la rencontre des habitants et rend des rapports mensuels sur son activité.
Les deux délégués ne voient pas toujours les choses de la même façon, mais découvrent ensemble un univers qu’ils connaissaient mal.