Isabelle est arrivée (presque) seule, doudoune bleu marine sans manche, visage fermé. Comme la cohorte d’avocats craignant le pire pour leur client respectif. Seule, avec son fils, Alexandre, qui la soutient d’un bras. Seule, car Patrick a refusé de quitter sa cellule de la prison de la Santé. Il n’entendra pas les 38 minutes de lecture du jugement du tribunal qui, pourtant, ont écarté les accusations les plus infamantes pour un élu : la corruption. Ce vendredi, dans le deuxième volet du procès des Balkany, le tribunal a en effet rejeté la corruption car « il n’a pas été démontré l’existence d’un pacte de corruption entre M. Al-Jaber et M. Balkany » : le second était accusé de s’être fait payer sa résidence marocaine par le premier (la visite complète vous est offerte dans l’épisode 7, « Le good bail des Balkany à Marrakech ») en échange d’un faramineux projet immobilier à Levallois. Pour les trois magistrats, la preuve du pacte de corruption n’a pas été apportée. Au fur et à mesure de la lecture des attendus, les visages des avocats se détendent.
Relaxe encore pour la prise illégale d’intérêts (le soupçon portait notamment sur l’usage du jet privé de l’homme d’affaires saoudien Mohamed Al-Jaber). Mais pour ce qui est du blanchiment (à travers des comptes à l’étranger, ainsi que l’achat du riad et de la villa Pamplemousse), la famille Balkany se retrouve unie devant la justice. « De tels faits sont intolérables parce qu’ils ont été commis par des personnes élues au suffrage universel », a dit le président : dix ans d’inéligibilité chacun (mais Patrick Balkany a annoncé faire appel, ce qui suspend la peine), assortis de cinq ans de prison ferme pour Patrick (qui ne quitte donc pas sa cellule) et quatre ans pour Isabelle. Qui reste libre « en raison de son état de santé tel qu’il a été communiqué au tribunal en juin ». Le fiston Alexandre écope de six mois avec sursis. Le clan Balkany échappe aux amendes réclamées par le parquet, mais se voit confisquer tous ses biens immobiliers : la villa marocaine, le moulin de Giverny et le produit de la vente (1,357 million d’euros) de la villa Pamplemousse à Saint-Martin.

Patrick et Isabelle, Isabelle et Patrick. On se croirait revenu à l’époque des tumultueuses campagnes des années 1970, celles où toutes les traîtrises étaient permises. Quand ce n’est pas lui qui monte au front, c’est elle qui mène la danse.