Un jour, elle a laissé le hamster de son fils traîner dans le salon quand votre fille était là. Elle doit être méchante : parfois, le petit pleure quand on le laisse chez elle. Elle le gronde, il vous l’a dit. Pas clairement, mais vous avez compris. Quand vous lui avez demandé de toujours expliquer les interdits, elle a soupiré. Quand vous avez donné consigne de ne jamais dire non, elle a rigolé. Quand vous arrivez un quart d’heure en retard, elle n’est pas contente et elle le montre. À la fin, elle a déménagé, vous plantant sans préavis.
Désinvolte ou trop rigide, incompétente ou donneuse de leçons, la nounou alimente les conversations des parents. Ces derniers se doutent-ils que la réciproque est tout aussi vraie ? Interrogées sur ce qu’elles trouvent le plus difficile dans le métier d’assistante maternelle, qu’elles ont exercé de longues années, Pascale Legrand-Lafoy et Annie Lucas répondent d’une seule voix : « Les parents. » « Un jour, raconte la première, une mère qui avait des jumeaux et qui était venue prendre contact parce qu’elle cherchait une nounou me demande en fin de discussion, l’air de rien : “Et vous me feriez un prix, pour les deux ?” »
Annie Lucas, de son côté, se souvient avec émotion de cette mère qui lui a demandé si elle ne pouvait pas lui repasser son linge pendant la sieste du petit, pour le même prix.