La salle d’audience est pleine à craquer et, distanciation sociale oblige, les places viennent à manquer sur les bancs des parties civiles. C’est jour de réquisitions au procès fleuve du Mediator. Depuis octobre 2019, victimes et hauts responsables du laboratoire Servier et de l’Agence du médicament (ANSM) défilent à la barre du tribunal de grande instance de Paris pour tenter de faire la lumière sur l’un des pires scandales sanitaires français depuis l’affaire du sang contaminé, responsable de 500 morts et 5 millions de victimes, dont plus de 4 600 se sont portées partie civile au procès. Mardi 23 juin, quand la procureure du pôle santé, Aude Le Guilcher, prend la parole, elle se lance dans un marathon qui durera neuf heures, examen clair, clinique et presque sans accroc (tout juste une petite difficulté de prononciation sur le verbe « exiger » au bout de sept heures…) de la stratégie du laboratoire Servier et des dysfonctionnements de l’Agence du médicament (lire l’épisode 5, « Mediator : l’agence tous risques »). À la fin, le ministère public a requis trois ans de prison ferme et deux avec sursis contre l’ancien numéro 2 du laboratoire, Jean-Philippe Seta, « compte tenu de la gravité des agissements », ainsi que la peine maximale prévue par le Code pénal contre le laboratoire : 8,2 millions d’euros d’amende.
Le principal ordonnateur du système bâti autour du Mediator, Jacques Servier, est décédé en 2014, mais il est cité à moult reprises par la procureure.