«Dire leur nom pour ne jamais oublier : Bryar, Mhabad, Mohamed, Sirwan, Maryam, Bilind, Ahmad, Pshtiwan, Shakar… »
Un an après jour pour jour, sur la plage de Malo-les-Bains, à Dunkerque, Anna Richel, membre de l’association Utopia 56, égraine les noms des 31 victimes du naufrage du 24 novembre 2021 (lire l’épisode 7, « À Calais, la Manche ensanglantée »). Parties de la place de la mairie, plusieurs centaines de personnes ont bravé le froid pour marcher en silence, avant de se rassembler face à la mer. Il y a là des associatifs, des activistes et de « simples » habitants, venus de Calais ou de Lille pour participer à cette marche-hommage. Certains portent une bougie, d’autres un flambeau. En tête de cortège, une banderole « Vos frontières, nos morts ».
Une fois lue la liste des personnes décédées et disparues lors de cette traversée, Juliette Delaplace, salariée du Secours catholique à Calais, prend la parole. D’une voix posée mais teintée d’émotion, elle lit deux lettres de proches de victimes, dont celle d’Emu adressée à son mari, Fikiru Shiferaw, un Éthiopien de 46 ans : « Tu ne méritais pas de mourir comme ça. Tu ne méritais pas d’être traité comme ça dans tes derniers moments dans ce monde cruel. J’espère encore que justice soit faite. » S’en suit une minute de silence, avant qu’un groupe de participants, tous vêtus de noir et portant des pancartes avec le nom des victimes, ne déclenchent des fumigènes qui viennent éclairer d’un rouge vif la plage de la cité portuaire.
Depuis 1999, 376 exilés ont disparu sur le littoral nord de la France, dont Les Jours racontent les vies et les morts dans cette série (lire l’épisode 1, « Voir Calais et mourir, 367 fois ») et dans le « Mémorial de Calais », un outil interactif inédit (à retrouver en bas de page).