Les éoliennes tournent au ralenti dans l’aube poussiéreuse du parking qui fait face au Relais 20. Au nord d’Orléans, c’est un arrêt bien connu des chauffeurs routiers qui font la pendule entre le nord et le sud de la France, à l’image de Sylvain Letang, qui y a dormi sur le chemin de la région parisienne. La grande étendue de terre, lacérée chaque jour par les pneus des poids lourds, se vide aux toutes premières heures du jour. Les chauffeurs veulent profiter du calme matinal de la route pour passer l’Île-de-France, ou rouler vers le Sud sans se retrouver dans un essaim de voitures individuelles, fébriles à côté des 44 tonnes décidés qui règnent sur la voie de droite.
Après une douche et un petit-déjeuner, le chauffeur paisible des Transports Briche, parti de Limoges la veille, reprend la route en direction de la région parisienne. Il doit aller livrer quelques palettes de vinaigrette chez Monoprix, dans le tentaculaire réseau d’entrepôts de Garonor situé à Aulnay-sous-Bois, le long de l’autoroute A1. Puis il ira finir de vider son camion chez Legrand, qui a installé sa plus grande plateforme logistique mondiale à Verneuil-en-Halatte, au-dessus de Creil. Il repartira ensuite charger une cargaison avant de redescendre en direction de Bordeaux.
C’est une journée comme tant d’autres pour Sylvain Letang. « À peine huit heures de conduite, c’est peu. Pour moi, c’est comme si je n’avais pas roulé, explique-t-il.