Marseille, envoyé spécial
Pas d’effusion de joie. Pas même les bras levés. Tout juste un léger sourire et quelques applaudissements pour ses concurrentes. Il est 22 h 15 au stade Pierre-Delort à Marseille qui se vide petit à petit, et Carolle Zahi monte sur le podium du 100 m femmes. Elle est championne de France et vient de battre une nouvelle fois son record personnel avec un temps de 11 s 13. Mais Carolle Zahi ne semble pas transportée par la situation. Cette performance, qui en fait la huitième sprinteuse française de tous les temps, n’est pourtant pas anodine. Elle confirme la progression régulière d’une athlète de 23 ans qui disputera les championnats du monde d’athlétisme du 4 au 13 août prochains à Londres.
La sprinteuse d’origine ivoirienne (lire l’épisode 1, « Sur la piste de Carolle Zahi ») est bien sûr fière de remporter ce titre national mais c’est comme si elle avait simplement accompli son devoir. Peut être est-ce parce qu’elle a un peu raté son départ avec un temps de réaction moins bon qu’à l’accoutumée. Mais grâce à une grosse accélération et une bonne fin de course, pourtant son point faible, elle a plus que brillé, battant son record de quatre centièmes.
Je suis la favorite, je suis dans la position d’être chassée par les autres. Mais elles n’y arriveront pas.
Peut-être sa réserve vient-elle de l’absence, à Marseille, de ses principales concurrentes. Floriane Gnafoua, record en 11 s 19, qui s’entraîne avec Carolle Zahi au pôle « espoirs » de Fontainebleau (lire l’épisode 2, « Le 100 m est une course de fond »), participait aux championnats d’Europe « espoirs » à Bydgoszcz (Pologne) – elle a toutefois arrêté sa finale après 30 mètres, blessée. Et Stella Akakpo, championne de France en titre, qui a déjà couru en 11 s 17 mais a choisi au dernier moment de renoncer suite à des « pépins physiques » comme elle l’a déclaré sur SFR Sport. Avec ces deux absentes, personne, même pas Orphée Neola qui a déjà réalisé 11 s 22 cette saison, ne devait concurrencer Carolle Zahi. Elle en était consciente. Quelques jours avant sa course, elle m’expliquait avec une assurance nouvelle : « Je suis la favorite, je suis dans la position d’être chassée par les autres. Mais elles n’y arriveront pas. »
Carolle Zahi, si calme et réservée en dehors des stades, aime la confrontation sur la piste. Elle aime «taper » ses adversaires, quelles qu’elles soient. Cela n’a pourtant pas toujours été le cas. À une époque, la sprinteuse manquait de confiance en elle, et la concurrence avait tendance à la déstabiliser. «