«Tu l’as déjà vu en vrai, Bolt ? » « Oui, mais de loin. » « Moi je ne l’ai jamais vu, ça va être la première fois. » Alors que le recordman du 100 m joue à Londres sa dernière grande compétition avant la retraite, Estelle Raffaï et Carolle Zahi, coéquipières au pôle « espoirs » de Fontainebleau, sentent l’excitation monter petit à petit. Cette semaine, elles vont participer à leurs premiers championnats du monde en extérieur. Carolle Zahi que nous suivons depuis plus d’un mois maintenant, dispute ce samedi à partir de 12 h 45 heure française les séries du 100 m femmes avant de possibles demi-finales puis finale dimanche.
Je me dis que je n’ai pas fait tout ça pour arriver là-bas et faire de la figuration. Il faut que je sois actrice comme j’ai su le faire jusqu’à maintenant.
De l’excitation donc pour la sprinteuse de 23 ans, mais aussi un peu de tension « Il y a une montée de stress. Mais je vais faire comme d’habitude, arriver là-bas concentrée, sereine, il n’y a pas de raisons. Si je laisse le stress s’emparer de moi, ça risque d’être compliqué », dit-elle calmement, comme pour s’en persuader. Pour se rassurer, Carolle Zahi peut s’appuyer sur ses belles performances de l’été. Championne de France le 15 juillet (lire l’épisode 4, « Et 11 s 13 plus tard, Carolle Zahi est championne de France »), elle a déjà couru quatre fois en moins de 11 s 20 cette saison et son record lui permet d’envisager de passer sereinement les séries. « Je me dis que je n’ai pas fait tout ça pour arriver là-bas et faire de la figuration. Il faut que je sois actrice comme j’ai su le faire jusqu’à maintenant. » Pour Patrice Gergès, directeur technique national, « une compétition réussie pour elle sera déjà d’aller en demi-finale. Son niveau actuel le laisse augurer. Les championnats du monde sont une première marche mais je mise plus sur Berlin [où se tiendront les championnat d’Europe en 2018, ndlr] pour qu’elle perce réellement. »

Mais Carolle Zahi n’a pas forcément envie d’attendre un an et n’entend pas se contenter d’un second rôle à Londres. Son rêve est d’accéder aux sunlights de la finale. Pour cela, il lui faudra encore battre son record et approcher, voire descendre sous les 11 secondes. « Je ne pense pas que ça soit impossible. Je peux sortir de nulle part et entrer en finale à la place de quelqu’un d’autre. Je ne me fixe pas de limites à ce niveau-là. » Pour la médaille en revanche, il faudrait un véritable concours de circonstances tant certaines athlètes paraissent supérieures. À commencer par la championne olympique en titre, la Jamaïcaine Elaine Thompson qui détient la meilleure performance mondiale de l’année en 10 s 71.
Si Carolle Zahi n’a jamais disputé une compétition de cette envergure, son expérience acquise lors des championnats du monde indoor en 2016 mais également aux championnats d’Europe par équipe cette année (lire l’épisode 2, « Le 100 m est une course de fond ») ou lors du meeting de Paris Charléty, le 1er juillet, devrait lui servir.