Cet été, les représentants des cheminots de l’axe Atlantique, un périmètre de la SNCF qui couvre un croissant reliant Brest à Hendaye, ont fait appel à un cabinet spécialiste des conditions de travail. Sa mission : anticiper les conséquences sociales de la fusion des services administratifs de deux établissements de la compagnie
Les cheminots en question travaillent dans des fonctions dites « support », c’est-à-dire la paie, la formation ou les achats. Douze de leurs postes ont été supprimés dans la fusion désormais achevée, soit près de 20 % des effectifs. Trois postes ont été créés, d’autres ont vu leur contenu changer. Pour certains agents, le management se fait désormais « à distance ». Face à leurs interlocuteurs, protégés par l’anonymat, les cheminots ont mis des mots sur ce qu’ils ressentaient de ces chamboulements : « Il y a des pétages de plombs, des crêpages de chignon, c’est délétère et nocif », « Tout ça se ressent sur la vie privée, on est stressé, il y a des tensions », « Il faut être le maillon fort ici, les places sont chères », « Ils cherchent par tous les moyens à supprimer des postes et, si on veut partir, on est les bienvenus ! » L’un d’eux a eu cette phrase : « Vous savez qu’il y a des suicides à la SNCF ? Eh bien moi, maintenant, je comprends comment on peut en arriver jusque-là. »

Cette fusion n’est qu’une des innombrables « restructurations » qui, année après année, s’empilent à la SNCF en un millefeuille mal digéré. Le cabinet d’expertise rappelle, par exemple, que les équipes initiales de Bordeaux et de Toulouse n’avaient été constituées qu’en 2017. Un an plus tard, l’axe TGV Atlantique a été refondu en six établissements, ses services support