Le premier d’entre eux tient à la garantie de l’emploi, hors faute grave. Celle-ci sera l’un des piliers du futur « statut » des cheminots, dont la mort est programmée au 1er janvier prochain pour les nouveaux embauchés. Le second consiste en une assurance contre la maladie et l’invalidité, ainsi qu’un service de soins dédié à ces métiers plus exposés que d’autres au risque de blessures et d’accidents. Puis apparaissent les caisses de retraite. « À l’époque, il n’y a ni État providence ni syndicats, souligne Georges Ribeill. Les compagnies font un calcul intéressé. Ces éléments sociaux catégoriels, importants dans le contexte de l’époque, visent à constituer une corporation créée par les patrons, un peu isolée du prolétariat industriel, les ateliers et les dépôts étant installés plutôt loin des villes pour éviter une contagion sociale. »

Ces avantages ont un prix pour les cheminots : « l’assujettissement, l’obéissance, le devoir du service public, la paix sociale », liste le chercheur. D’où l’extension rapide des régimes spéciaux à d’autres secteurs stratégiques, comme l’énergie ou les transports parisiens. En 1909, les syndicats obtiennent de la gauche radicale-socialiste au pouvoir un régime unifié pour toutes les compagnies ferroviaires : l’âge de départ est fixé à 50 ans pour les mécaniciens, 55 ans pour les autres agents opérationnels et 60 ans pour le personnel des bureaux.