Dans la musique, le moment-clé pour Michael Turbot, évangéliste de l’IA appliquée à la musique au sein du laboratoire Sony CSL à Paris, « c’est David Guetta qui montre à tout le monde que ça marche en utilisant la voix clonée d’Eminem », en février 2023. « Qu’une personnalité aussi importante que lui s’amuse comme un gamin avec cette technologie qui faisait un peu peur, j’ai trouvé ça cool. Ça a montré que l’intelligence artificielle aide avant tout à être plus créatif. » Même si Guetta utilise alors la voix du rappeur uniquement pour faire de la retape pour sa soirée Future Rave qu’il trimballe dans le monde entier. De façon moins gadget, le YouTubeur masqué Ghostwriter s’est fait un nom l’an dernier en créant de façon totalement pirate une rencontre entre les superstars Drake et The Weeknd dans une vidéo virale qui a accéléré d’un coup la prise de conscience de l’impact du clonage vocal dans le secteur de la musique… qui s’est vite agité pour faire retirer le morceau de Spotify et empêcher sa candidature aux Grammy Awards. Plus underground, l’Américaine avant-gardiste Holly Herndon a créé Holly+, son double vocal qu’elle emmène dans des territoires sonores qu’elle-même ne serait pas capable d’atteindre et qu’elle met aussi à disposition de tout le monde. Comme sa compatriote Grimes, qui a lancé Elf.tech, son clone vocal libre d’accès contre 50 % des revenus générés par les œuvres créées.
La liste pourrait s’allonger chaque jour tant les usages du clonage vocal sont d’ores et déjà tentaculaires, à la recherche des idées capables de faire changer la musique d’époque.