Il était pas loin de 19 h 30 à la Fête de l’Humanité, ce 17 septembre 2023, quand Angèle a expliqué à son public : « Ce matin, je me suis dit : “Et pourquoi je ne ferais pas ce que les gens me demandent depuis des semaines ?” » Et elle s’est lancée dans une reprise de Saiyan, un tube rap de Gazo et Heuss l’Enfoiré pourtant bien loin de sa pop acide. La foule est devenue folle d’un coup, excitée par ce qui est devenu l’un des moments musicaux les plus marquants de l’année 2023 parce que cette reprise insouciante signait l’entrée du clonage vocal par intelligence artificielle dans la musique populaire en France.
Car, avant qu’Angèle ne se saisisse de ce Saiyan, c’est sa voix qu’a utilisée un certain Lnkhey sur YouTube pour lui faire reprendre la chanson et encaisser plus d’un million de vues en même pas deux mois. Et on est très loin d’un robot qui chante : c’est une vraie chanson d’Angèle, mais sans Angèle. La voix est précise, l’intonation est là, le souffle aussi. C’est le début d’une nouvelle révolution dans laquelle le monde de la musique commence à entrer à pas mesurés, comme on rentre dans un bain encore trop chaud. Parce qu’il y a certainement beaucoup à y gagner, mais aussi beaucoup d’erreurs à commettre avec le clonage vocal, qui laisse déjà entrevoir la possibilité pour les artistes de chanter en plusieurs langues mais aussi la renaissance de voix décédées pour les essorer même dans la mort.
C’est ainsi que Warner Music, l’une des trois majors internationales du disque, a annoncé en novembre qu’un film d’animation sur la vie et la musique d’Édith Piaf sera narré par Piaf elle-même.