Guillaume Vuillemey est professeur de finance à HEC, spécialisé dans l’histoire économique. Dans son ouvrage Le Temps de la démondialisation (Le Seuil, octobre 2022), il déroule l’histoire des échanges de marchandises à l’échelle planétaire, depuis les grandes découvertes jusqu’à aujourd’hui. Le secteur maritime a été précurseur dans l’émergence de règles fiscales et sociales d’exception, qui ont mis les États en concurrence et ont conduit à une dérégulation à grande échelle dont bénéficient aujourd’hui les armateurs, à l’image du groupe de Rodolphe Saadé, CMA CGM (lire l’épisode 1, « Les gains de la mer »). Selon Guillaume Vuillemey, la logique a aujourd’hui atteint ses limites et une nouvelle taxation des flux de marchandises serait bienvenue.
Dans votre livre, vous faites remonter la mondialisation aux grandes découvertes des XVe et XVIe siècles. En quoi le transport maritime a-t-il joué un rôle prépondérant ?
La marine marchande constitue l’infrastructure centrale de la mondialisation. Historiquement, les grandes découvertes représentent un tournant majeur. Auparavant, le transport maritime se résumait essentiellement à du cabotage, soumis aux règles des différents ports. Avec les grandes découvertes émerge l’idée que l’on peut voyager en faisant complètement abstraction des territoires. Les représentations changent fortement. Jusqu’au XVe siècle, il n’y a pas de représentation réaliste, complète de la planète.