Samedi 20 mai 1871. À moins de cinq-cents mètres des murs de Paris, les batteries de l’armée de Versailles battent en brèche l’enceinte et les bastions qui défendent la ville, des milliers d’obus explosent sur les remparts et au-delà. En retrait, les canons du Mont-Valérien ajoutent au déluge de bombes, boulets et toutes sortes de ferraille à tuer. L’ombre des voiles noirs frangés en tricolore de la mort furieuse se déploie aux portes de la cité. Avant l’assaut, le mufle hideux de la grande esquintée vocalise de funestes gargouillades pour l’Ordre, pour la Gloire, pour la France. Qu’à cela ne tienne, tout va bien ! réplique la Commune, les batteries de nos barricades font éprouver des pertes sérieuses aux Versaillais, avantage aux fédérés. Non, hélas, constatent Les Jours : les remparts écroulés ont été abandonnés et aux fortifications, le canonnement des rares pièces encore servies s’éteint en vain tintamarre.
Dimanche 21 mai 1871. Jour de grand soleil. Une autre musique. Place de la Concorde, 150 musiciens des bataillons de la Garde nationale jouent divers morceaux patriotiques aux profits des veuves, des orphelins et des gardes nationaux blessés. Le prix des places : terrasse des Tuileries : 2 francs ; premières : 1 franc ; secondes : 50 centimes.
Comme une nappe de silence ! Cela a duré le temps pour chacun de faire ses adieux à la vie ! Il m’a semblé, à moi, que tout mon sang descendait vers la terre.
L’assemblée de la Commune est réunie pour juger Gustave Cluseret, ex-délégué à la guerre. Dans les circonstances présentes et quand le danger menace, foin de la brouille née de la création d’un Comité de salut public (lire