Quelles manigances ? Quel complot se trame sur l’infortune de Paris ? Adolphe Thiers, le chef du pouvoir exécutif, est à la manœuvre. En cette fin février 1871, il va, vient de Paris à Versailles où trônent gouvernement et état-major du nouvel Empire allemand. L’Assemblée nationale a désigné le vieux fripon pour vétiller à l’Allemand les préliminaires de paix. La taupe à lunettes, au chevet de la France meurtrie, envahie, ruinée, besogne à la paix et fait don de sa personne, Dieu sauve la France ! La berline qui le transporte chaque jour de Paris vers le chef-lieu de Seine-et-Oise, sous escorte prussienne, peut bien rouler dans les fanges de l’histoire, entre monarchie et République, l’ambitieux retors soupèse son destin et vide son sac à malices : « La paix contre l’anarchie. » Dans ce négoce, le comte Otto von Bismarck, chancelier du Reich, est délicieux de courtoisie, sur le tapis vert de la négociation, avec ses boîtes de cigares, les territoires de l’Alsace et en partie de la Lorraine, une somme exorbitante
À la sortie de quatre mois et onze jours de siège, la ville est enfin ravitaillée. Quand les combustibles, charbon de bois, coke et houille sont retenus par les accapareurs, les tonneaux de salaisons, les sacs de farine et de grains emplissent les entrepôts de la Villette. Sur les quais de la gare d’Orléans se comptent chaque jour les 200 carcasses de porcs abattus à Juvisy sous le contrôle des Prussiens. Au fourneau municipal, Égline festoiera avec un ragoût de choux et de couenne. Aujourd’hui, par le faubourg, la jeune piqueuse de bottines que Les Jours ont rencontrée lors de la manifestation du 31 octobre 1870 (lire l’épisode 1, « “Vive la Commune ! Pas d’armistice !” ») se rend à la Bastille. Paris dans les rumeurs d’abandon et de capitulation s’enfièvre et tumultue.