Depuis le début de la pandémie, Les Jours prennent des rendez-vous réguliers avec le docteur Yannick Gottwalles, chef du pôle des urgences de Colmar, dans ce Grand Est qui a été aux avants-postes du Covid-19. Ce qui fait de lui une sorte de vigie : très tôt, il avait alerté sur la situation catastrophique dans sa région, prévenu sur le tri des patients à venir (lire l’épisode 6), et mis en garde l’ensemble de ses confrères sur la vague qui allait déferler sur eux (lire l’épisode 12). Aujourd’hui, alors que le nombre de patients en réanimation est en baisse, que le déconfinement est en vue et que des mesures en faveur des soignants ont été annoncées, Yannick Gottwalles se méfie.
Où en êtes-vous à Colmar ?
Je suis un peu inquiet sur la poursuite de l’amélioration. Ces dernières semaines, nous avons connu un pic puis une phase plateau avec une baisse du nombre de patients Covid, et ça nous semblait en bonne voie d’amélioration. Mais nous avons une remontée des malades souffrant d’autres pathologies qui n’avaient pas été traités et aussi une remontée des pathologies psychiatriques dues au confinement. Surtout, depuis cinq jours, on a une augmentation du nombre de patients Covid que je ne peux m’expliquer que par un relâchement dans le confinement et qui va nous compliquer la tâche dans les semaines qui viennent. Je ne vois pas d’autre explication, ce n’est pas une accusation mais je ne vois pas pourquoi, alors que toutes les mesures ont été mises en place, que le confinement a été prolongé, que les mesures barrières n’ont pas été modifiées, que la situation aurait dû continuer à s’améliorer. Malgré ça, on a depuis quelques jours une petite réascension, et ça, c’est une inquiétude. Pour l’instant, ce n’est qu’à l’échelle de Colmar, j’espère juste qu’on se trompe et qu’on ne va pas avoir une confirmation dans les jours qui viennent.
Lundi, Emmanuel Macron a parlé du déconfinement. Il a donné la date du 11 mai…
La date du 11 mai, ce n’est pas pour moi le début du déconfinement, c’est la date à partir de laquelle on pourra éventuellement proposer pour certaines catégories de personnes, pour certaines régions de France et pour certaines activités, un déconfinement. Mais en aucun cas ce ne sera la date officielle du déconfinement en France. Et j’ai un peu peur que le message ait été entendu dans ce sens-là.