Clément a un rendez-vous sur l’application de vidéoconférence Zoom ce lundi. Il va passer un entretien d’embauche. Pour de vrai, pour un CDI. En ces temps de pandémie de coronavirus et de crise mondiale, ce demandeur d’emploi de 35 ans fait figure d’exception. Une « fintech » étrangère, une start-up du domaine de la finance, l’a démarché et se dit intéressée par son profil. Elle assure se moquer du contexte économique (lire l’épisode 27, « L’économie entre crise claire et crise foncée »). Le monde du travail n’aurait-il donc pas complètement cessé de tourner, malgré le « Grand confinement », le terme désormais utilisé par le Fonds monétaire international en référence à la « Grande dépression » de 1929 ? Échaudé par deux années de recherches infructueuses, le jeune homme se montre très prudent. « J’ai complètement arrêté de postuler mi-mars, raconte-t-il. Pour moi, ça ne servait à rien. En temps normal, déjà, ça ne marche pas donc je doutais que ça puisse fonctionner. Et je ne vois pas passer grand-chose. » Les statistiques de la Dares (direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques), le centre de recherche du ministère du Travail, ne lui donnent pas tort. Selon sa dernière note datée du 14 avril, pour laquelle elle a épluché quinze sites d’offres d’emploi, il y a 40 % d’annonces en moins depuis le 22 mars par rapport au début du mois. Côté intérim, le plongeon est vertigineux : entre − 60 % et − 90 %, selon les secteurs, assure le Prism’emploi, la fédération professionnelle du travail temporaire.