D’après vous, quel chef d’État français a déclaré : « L’idée de la toute-puissance du marché qui ne devait être contrarié par aucune règle, par aucune intervention politique, était une idée folle » ? Emmanuel Macron ces derniers jours, en pleine de crise de foi capitaliste ? Perdu ! C’était Nicolas Sarkozy, le 25 septembre 2008 à Toulon, dix jours après la faillite de la banque Lehman Brothers. En pleine crise des subprimes, le président de la République, ami des patrons du CAC40, découvrait soudain que le capitalisme avait quelques inconvénients – notamment de provoquer un effondrement des bourses mondiales –, avant, on vous rassure, de revenir au « business as usual » une fois la crise passée. Emmanuel Macron suivra-t-il la même voie ? À l’écouter ces derniers jours, on avait l’impression d’entendre Jean-Luc Mélenchon. Jeudi, il dénonçait « la folie » que constituait le fait de « déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie ». Et il promettait : « Il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour. »
À long terme, on ne pariera aucun centime sur la sincérité de cette conversion, mais à court terme, il faut reconnaître à Macron, comme à Sarkozy il y a douze ans, une qualité : le pragmatisme.