D’après vous, quel chef d’État français a déclaré : « L’idée de la toute-puissance du marché qui ne devait être contrarié par aucune règle, par aucune intervention politique, était une idée folle » ? Emmanuel Macron ces derniers jours, en pleine de crise de foi capitaliste ? Perdu ! C’était Nicolas Sarkozy, le 25 septembre 2008 à Toulon, dix jours après la faillite de la banque Lehman Brothers. En pleine crise des subprimes, le président de la République, ami des patrons du CAC40, découvrait soudain que le capitalisme avait quelques inconvénients
À long terme, on ne pariera aucun centime sur la sincérité de cette conversion, mais à court terme, il faut reconnaître à Macron, comme à Sarkozy il y a douze ans, une qualité : le pragmatisme. Face à une crise d’ampleur, les deux hommes laissent tomber leurs idéaux pour découvrir les bienfaits d’une économie administrée. Et ils n’hésitent pas à annoncer des plans de grande envergure. En 2008, face à la menace d’un écroulement financier qui aurait eu pour conséquence des dizaines de milliers de faillites, le gouvernement avait recapitalisé les banques à hauteur de 40 milliards d’euros et leur avait accordé des garanties de crédit jusqu’à 320 milliards d’euros. Aujourd’hui, alors que le confinement devrait provoquer une récession (une chute du PIB de 1 % pour 2020 est maintenant prévue), l’exécutif propose un package impressionnant pour que l’économie ne s’écroule pas : 45 milliards d’euros sont mis sur la table afin de soutenir salariés et entreprises, et un mécanisme de garantie des prêts bancaires portant sur 300 milliards d’euros est prévu. Cette analogie des montants entre 2008 et 2020 est troublante…

À quoi va servir cet argent ? Le montant de 45 milliards a été détaillé lundi matin par Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des Finances, au cours d’une conférence de presse téléphonique.