Paris, 2017. Un jeune trentenaire court les soirées parisiennes où il se présente comme un magistrat du parquet. Aux quelques journalistes qu’il rencontre à l’occasion, l’élégant gaillard distille des informations anodines et crédibles sur des procureurs en poste ou des affaires qui font l’actualité. Il plaisante également sur son âge, qu’il admet un peu tendre pour être affecté au prestigieux tribunal de Paris. Forcément, glisse-t-il, honnête, il est pistonné. Il suffit d’ailleurs qu’au détour de la conversation, il appuie un peu trop sur son patronyme pour que son interlocuteur comprenne tout seul : en cette fin de présidence Hollande, tout le monde connaît le secrétaire d’État Jean-Marie Le Guen. Malgré ses privilèges, cet affable parquetier, toujours disponible pour une précision, paraît compétent. À tel point qu’une journaliste l’invitera aux frais de sa rédaction pour un déjeuner professionnel quand une autre l’emmènera faire le tour de celle de BFMTV, qu’il rêve de visiter.
Vous l’avez deviné, ce magistrat n’en est pas un et c’est Cory Le Guen. Comme à son habitude, il va aller trop loin. À commencer par ce jour où, l’air de rien, il laisse fuiter une grosse info que le service police-justice d’une rédaction parisienne ne parviendra jamais à recouper. Ou bien lorsqu’il en lâche une autre, vérifiable cette fois, qui se révèlera fausse. Une journaliste apprend bientôt que Jean-Marie Le Guen n’a que des filles.