Il n’y avait aucun suspense. Depuis son élection en mai 2017, Emmanuel Macron se projette non pas le temps d’un quinquennat, mais sur une décennie. Pour ceux qui en auraient douté, le chef de l’État confirmait, le 4 janvier, aux lecteurs du Parisien : « J’ai envie », avant d’esquisser les réformes d’un second mandat. L’officialisation de sa candidature est tombée ce jeudi, à 20 heures, via une « lettre aux Français » publiée sur le site de BFMTV et par l’AFP, ainsi que par l’ensemble des titres de la presse quotidienne régionale avant une parution dans leurs éditions papier ce vendredi. À 38 jours du premier tour, qui se tiendra le 10 avril, son annonce de candidature était vivement réclamée par ses concurrents, pressés de débattre avec le sortant et reprochant au chef de l’État de faire campagne sans le dire. Mais l’arrivée d’une nouvelle vague de Covid fin 2021 et, surtout, l’offensive de la Russie sur l’Ukraine, déclenchée le jeudi 24 février, lui ont permis de repousser encore un lancement de campagne qu’il voulait le plus tardif possible
Le retour de la guerre sur le continent européen a contraint la forme de cette déclaration de candidature. Au lendemain d’une allocution enregistrée depuis l’Élysée sur la situation en Ukraine, diffusée mercredi 2 mars à 20 heures, le ton ne pouvait qu’être « sobre » et « solennel », selon ses conseillers. Autrement dit, en langage de communicant : « en adéquation avec le moment que vit le pays ». Impossible de lancer sa campagne comme Nicolas Sarkozy en 2012, lors d’un journal télévisé, à 20 heures, quand la présidentielle ne fait plus la une depuis plus d’une semaine. Ni lors d’un déplacement, et dans un grand sourire, comme Jacques Chirac en 2002, suite à une question téléguidée de l’une de ses fidèles, la maire d’Avignon, Marie-Josée Roig. Il n’était pas question non plus de « mélanger les genres » en se déclarant en même temps qu’une prise de parole sur la guerre qui sévit à l’est de l’Europe.

Il y a un peu plus de vingt ans, le 21 février 2002, le Premier ministre en exercice, Lionel Jospin, avait choisi la plus grande sobriété qui soit