«Si, 135 balles parce que je suis sorti promener mon pangolin à 21 h 05, je te jure ! » « Mais attends, c’est vendredi à minuit ou samedi à 0 heure que ça commence ? » Décidément, on n’en sort pas, de cette épidémie de coronavirus et les questions qu’elle pose se multiplient à la vitesse d’un Covid-19 au galop. Sur Les Jours, il y a eu Le journal de quarantaine, puis Le journal déconfiné, voici, logique, Le journal de couvre-feu, le fil d’informations vérifiées et validées par la rédaction.
Le couvre-feu. Il commencera samedi à 0 heure pour la région Île-de-France ainsi que pour huit métropoles (Lille, Grenoble, Lyon, Aix-Marseille, Montpellier, Rouen, Toulouse et Saint-Étienne). Cela veut dire que vous pouvez sortir vendredi soir mais que, comme Cendrillon, il faudra être chez vous à minuit. En revanche, le samedi, l’interdiction de sortie commencera à 21 heures (jusqu’à 6 heures le dimanche). Toute sortie intempestive ensuite sera sanctionnée d’une amende de 135 euros, grâce aux « 2 000 policiers et gendarmes » qui seront mobilisés « chaque nuit, entre 21 heures et 6 heures », a précisé Gérald Darmanin au cours d’une conférence de presse ce jeudi. Et après deux récidives, le ministre de l’Intérieur a ajouté que vous risquerez une peine de six mois d’emprisonnement et 3 500 euros d’amende. Mais, comme pendant le confinement, il y aura des exceptions.
Les exceptions. Elles ont été détaillées par Jean Castex au cours de la même conférence de presse. « Certains déplacements resteront autorisés pour des raisons de santé, pour aller à l’hôpital ou aller acheter des médicaments dans une pharmacie de garde », a assuré le Premier ministre. Les déplacements domicile-travail seront aussi autorisés, « si vous travaillez de nuit ou que votre travail ne vous permet pas d’être chez vous à 21 heures ». Idem si vous voyagez : « Si vous avez un train ou un avion qui arrive ou part après 21 heures, il faudra, le cas échéant, pouvoir montrer votre billet », a détaillé Jean Castex. Il sera enfin possible de sortir son animal de compagnie et de se rendre chez un proche en situation de dépendance. Mais, comme pendant le confinement, il faudra aussi produire une attestation.
Quid des cinémas ? Pour soutenir le secteur de la culture, l’exécutif réfléchirait à aménager le couvre-feu pour les salles de spectacle, les cinémas et les théâtres (à lire dans l’épisode 2 de notre nouvelle série Live and let die). Les séances se termineraient bien à 21 heures, mais les spectateurs auraient ensuite le droit de regagner leur domicile, leur billet faisant foi.
Plus de fête ailleurs. Si vous avez la chance de ne pas faire partie des zones où le couvre-feu sera en vigueur, ne vous réjouissez pas trop vite. Vous aussi allez avoir le droit à des restrictions. Les mariages, les soirées étudiantes et tout événement se tenant dans une salle des fêtes ou dans n’importe quel établissement accueillant du public seront désormais interdits, dans toute la France.
Un report des élections ? Pour ne pas revivre l’épisode des municipales (un premier tour qui s’est tenu deux jours avant le début du confinement et un second tour reporté de trois mois), l’exécutif réfléchit d’ores et déjà à un report des élections régionales et départementales qui doivent normalement avoir lieu en mars 2021. Jean Castex a ainsi indiqué qu’il recevra les parlementaires la semaine prochaine pour étudier l’impact de la crise sanitaire sur les prochaines échéances électorales. Un peu plus tôt dans la journée, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal avait annoncé la mise en place d’« une commission avec les forces politiques » pour statuer sur un potentiel report. Ajoutant qu’une décision « au consensus » devrait être prise « d’ici à la fin de l’année ».
Perquisitions. A priori, c’est une coïncidence, mais cela tombe plutôt mal. Ce jeudi matin, les gendarmes de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) ont perquisitionné les domiciles de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, de l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn, de l’actuel Olivier Véran, de l’ex-porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye et du directeur général de la santé Jérôme Salomon. Ils agissaient dans le cadre d’une information judiciaire ouverte par la Cour de justice de la République sur la gestion de la crise sanitaire. Les locaux de Santé publique France et les bureaux d’Olivier Véran et Jérôme Salomon ont aussi reçu la visite des gendarmes. Invité au même moment par BFMTV pour commenter l’intervention d’Emmanuel Macron de ce mercredi soir (dont on vous a parlé dans l’épisode 1, « Dormez, je le veux ! »), Jérôme Salomon n’a donc pas pu s’y rendre. La chaîne a alors annoncé que ce dernier avait été « victime d’un problème personnel de dernière minute ». Pas faux !
0 800 130 000. C’est le numéro vert à contacter 24 heures sur 24 pour toute question. Toux sèche, fièvre, nez qui coule ? C’est son médecin qu’il faut appeler et pas le 15, réservé aux détresses respiratoires. Et c’est aussi ce numéro qu’il faut aussi contacter en cas de difficulté à se faire tester.
Quand appeler le 15 ? En cas d’aggravation des symptômes accompagnés de difficultés respiratoires et signes d’étouffement.
En Allemagne aussi. Même si le nombre de cas positifs y est beaucoup moins important qu’en France (6 000 par jour contre 20 000), l’Allemagne aussi va adopter des mesures restrictives. Ce mercredi soir, la chancelière Angela Merkel les a détaillées. Les rassemblements seront notamment limités à 25 personnes dans les établissements publics et 15 dans les salles privées. Le port du masque sera rendu obligatoire dans les régions enregistrant plus de 35 nouvelles contaminations pour 100 000 habitants. Dans les régions qui dépasseraient les 50 nouveaux cas pour 100 000 habitants, les réunions privées seront réduites à dix personnes de deux foyers maximum et les restaurants devront fermer à 23 heures.
Que lire pendant le couvre-feu ? Disons, au hasard, une série des Jours. Par exemple, les huit premiers épisodes des Ombres de Charlie, l’enquête de Thierry Lévêque sur le procès des attentats de janvier 2015, aux audiences peuplées de fantômes.