Rideau, rentrez chez vous. Tout le secteur de la musique, et plus largement de l’événementiel, a pris un énorme coup derrière le crâne mercredi soir, en regardant l’annonce par Emmanuel Macron d’un couvre-feu à 21 heures dans les métropoles les plus touchées par la nouvelle vague (lire l’épisode 1 de Nouvelle vague) du coronavirus (Île-de-France, Lille, Grenoble, Lyon, Aix-Marseille, Montpellier, Rouen, Toulouse et Saint-Étienne). C’est la douche froide alors que, comme le raconte cette série, le secteur de la musique s’est réorganisé en profondeur ces dernières semaines pour continuer malgré tout (lire l’épisode 1, « Les Trans Musicales remettent le son »). Malgré les masques, le public assis et distancié, les bars qui ferment tôt, les tournées annulées…
« On est blêmes, parce qu’on a beaucoup mis du nôtre pour que ça fonctionne bien », se désolait ce jeudi matin Catherine Farhi, la directrice du New Morning, salle jazz historique de Paris qui fête cette année ses quarante ans et s’est relancée dès le mois de septembre. « On est passé en jauge à 140 places assises au lieu de 450, on s’est fatigués comme des fous à monter une programmation à perte pour rassurer le public et relancer la musique. Et le public est génial, ils sont avec nous. Mais là, qu’est-ce qu’on va faire ? » Même ambiance abattue du côté de la Fedelima, la Fédération des lieux de musiques actuelles, qui joue l’apaisement dans un secteur qui se sent de plus en plus mis de côté dans cette crise sanitaire parce qu’il représente une sociabilité devenue dangereuse. « C’est un peu la faute de personne, mais on en mange beaucoup depuis le début, regrette Stéphanie Thomas, qui coordonne les initiatives communes des salles. Les gens commencent à être complètement déprimés et démotivés. »
Pourquoi on nous impose 21 heures ? Avec un couvre-feu à 22, on peut faire quelque chose. On respirait avec une paille, là on a la tête carrément sous l’eau.
Un regret, plus qu’un argument, revient souvent dans le discours du secteur culturel face au couvre-feu : depuis que les protocoles sanitaires stricts de la rentrée ont été mis en place partout en France, il n’y a pas eu de clusters identifiés dans les salles de concerts, les festivals, les cinémas, les théâtres, les opéras. Joran Le Corre, le directeur artistique de Wart, le tourneur de Jeanne Added ou des Naive New Beaters, en a fait un cheval de bataille ces derniers temps, en travaillant pour remettre ses artistes sur la route malgré les incertitudes.