Honnêtement, aux Jours, on espérait ne plus jamais revoir le Dr Yannick Gottwalles, chef du pôle urgences à l’hôpital de Colmar (Haut-Rhin). On pensait lui avoir dit au revoir pour de bon à l’été, à l’issue de la saison 2 d’Urgences qui l’avait suivi pendant le Ségur de la Santé, une fois les applaudissements taris et la crise sanitaire terminée. Seulement voilà, elle n’était pas terminée, et Les Jours retrouvent leur médecin traitant connu au tout début de la pandémie de Covid-19, et régulièrement interviewé alors qu’il était en première ligne dans sa région Grand-Est. En ce mois d’octobre, tandis que la France a dépassé les 50 000 cas de Covid quotidiens, que le reconfinement menace et qu’Emmanuel Macron réunit deux conseils de défense sanitaire en deux jours, Les Jours retournent voir le docteur.
La France a passé le cap des 50 000 contaminations ce week-end, Jean Castex a annoncé 38 nouveaux départements en couvre-feu et envisage « des mesures beaucoup plus dures ». Le président de votre région, le Grand-Est, Jean Rottner, plaide pour un reconfinement adapté aux territoires. Et vous, que préconisez-vous ?
Déjà, je ne suis pas d’accord avec le couvre-feu. Ce couvre-feu, c’est se voiler la face : c’est un confinement partiel, point. Mais pour qu’un couvre-feu soit efficace, il ne faut pas qu’il y ait de dérogations sauf situation vraiment exceptionnelle, c’est-à-dire tous les services publics. Aller promener son chien, courir, fumer, ce n’est pas une dérogation. Ensuite, si on veut que le couvre-feu soit efficace, pourquoi 21 heures ? Il doit être beaucoup plus drastique que ça. Enfin, est-ce que le couvre-feu doit concerner les départements déjà très impactés, ou est-ce qu’il ne doit pas être imposé à tous les autres départements pour éviter qu’ils n’arrivent à cette même situation ? Jean Rottner a plaidé pour des mesures encore plus drastiques afin que les personnes ne bougent pas. Parce qu’avec le couvre-feu, on voit par exemple que les cinémas vont avancer leurs horaires, les restaurateurs aussi : c’est du grand n’importe quoi ! On ne comprend pas la gravité de la situation, on ne comprend pas que si on ne reste pas chez soi, s’il y a des rassemblements, s’il y a des mouvements de foule, on pourra faire tous les couvre-feux qu’on veut, ça ne sert à rien !
Le gouvernement nous a dit : “Ne vous inquiétez pas, tout va s’arranger.” Non, c’est totalement faux. Ce n’est pas une façon de gérer !
Pardon, mais ce que vous décrivez là, c’est un reconfinement ?
Bien sûr ! Mais on n’a pas le droit de prononcer ce mot en France. C’est comme Voldemort dans