Urgences

Chef du pôle urgences de l’hôpital de Colmar depuis 2008, Yannick Gottwalles a aussi endossé un rôle de lanceur d’alerte depuis le début de la crise sanitaire. Alors que les épidémiologistes surveillaient les grandes villes comme Paris ou Lyon, la pandémie a explosé à Mulhouse suite à un rassemblement évangélique. Critique d’une agence régionale de santé incapable de gérer la crise et d’un ministre de la Santé « qui n’a pas compris la gravité de ce qui s’est passé », le médecin diplômé en 1993 reste méfiant face aux promesses de changement du « Ségur de la Santé ».

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Au pic de la pandémie dans le Haut-Rhin, Noémie Steffan a travaillé douze heures par jour et six jours sur sept. Pour cause : l’infirmière référente gère l’offre et la demande de lits de l’hôpital civil de Colmar, ainsi que les stocks de masques, de gel hydroalcoolique, de surblouses, de charlottes… Profitant de l’accalmie liée au confinement et à la baisse du nombre de patients Covid, Noémie a rangé les équipements de protection et préparé des protocoles afin « d’être prêt en 24 heures pour faire face à une nouvelle vague de Covid-19 ».

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Sonny a d’abord exercé cinq ans en tant qu’infirmier dans le service pneumologie de l’hôpital civil de Colmar. Affecté par le suivi de nombreux patients en fin de vie, il décide de rejoindre les urgences de l’établissement en 2010. Rémunéré 1 900 euros net par mois pour un emploi à 80 %, Sonny espère avant tout une revalorisation salariale suite au « Ségur de la santé ». Mais l’infirmier se montre pessimiste face à cette concertation lancée par le gouvernement : « Si c’était à refaire, je ne ferais plus ce métier. »

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Christine a travaillé plus de trente ans à l’hôpital civil de Colmar : d’abord en cuisine pendant sept ans, puis sept autres années en tant qu’agente des services hospitaliers, avant de devenir aide-soignante aux urgences. Plusieurs fois tentée de quitter l’établissement face au manque d’aide-soignants, elle a fixé son départ à la retraite pour avril 2021… sauf si sa profession obtenait une revalorisation salariale : « Pour l’instant, je toucherais une pension de 1 200 euros par mois. »

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Barman, responsable d’hébergements touristiques, menuisier, électricien… Frédéric a touché à tous les métiers avant de devenir agent des services hospitaliers (ASH) aux urgences de Colmar en 2012. Chaque jour, il assure le nettoyage et la décontamination des moindres espaces de chaque chambre, chaque box et chaque couloir de l’établissement. Il doit aussi transporter les déchets et les sacs de linge sale. Tout ça pour 1 300 euros net mensuel. Mais sa première revendication n’est pas salariale : « Il faut absolument changer les méthodes de management, qui sont inhumaines. »

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Éric Thibaud dirige les urgences de Colmar en binôme avec le docteur Yannick Gottwalles. Malgré une contamination au Covid-19, le médecin a continué de travailler en première ligne face au coronavirus. Touché par les morts fulgurantes du coronavirus, parfois sous ses yeux, le chef de service se dit « lucide donc pessimiste » quant au résultat du « Ségur de la santé » : « Ce n’est qu’une sixième concertation en six ministres. » Au-delà d’une revalorisation salariale pour les infirmières, aide-soignantes et autres professions paramédicales, il n’hésite pas à remettre en cause la gratuité des soins.

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Diplômée de l’Institut de formation en soins infirmiers de Colmar en 2019, Nazli Miladiz semble déjà nostalgique : « On m’avait dit de profiter d’être étudiante, parce qu’après, je ne pourrais plus prendre le temps avec mes patients. » Pour l’infirmière, il est clair que « l’humain n’est plus au centre des soins aujourd’hui ». Malade du Covid-19, Nazli a travaillé jusqu’à l’épuisement pendant la pandémie. Aujourd’hui, la jeune femme d’origine turque rêve d’un « Mai 68 du personnel soignant ».

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