Comme toujours, Danièle Obono est en retard. Elle court après le temps. Elle l’avale, le compresse, mais elle en manque. Son équipe l’attend pour leur dernière réunion de l’année, qui a lieu pour la première fois dans sa permanence de circonscription, dans le nord de Paris. J’en profite pour interroger ses collaborateurs. En cette fin d’année, ils sont sur les rotules, tout à la fois enthousiastes de cette première session à l’Assemblée nationale et exténués. Mais la fatigue n’est pas à l’ordre du jour. C’est moi qui mets le sujet sur la table, insiste. Ils sont un peu réticents à en parler, et je crois que c’est parce que la députée de La France insoumise pour laquelle ils travaillent est, comme ils le disent, « une coriace ». « Une combattante qui n’a pas envie de se plaindre. »
Mathilde Julié-Viot glisse : « Danièle, c’est difficile de la préserver, elle ne le fait pas elle-même, pourtant on le lui dit tout le temps. » Brune Seban, son amie devenue sa directrice de cabinet, l’admet tout de même : « On ne peut pas faire ça toute sa vie. C’est bien pour ça que député, c’est un travail, pas un métier. Cela dure un moment : on se donne à fond, mais c’est un moment seulement. » L’un d’eux a reçu un message de l’élue à une heure moins le quart du matin, un autre à 23 heures la veille. Ils en sourient. Et en conviennent : pour elle, la vie personnelle et la vie politique se confondent. Et le temps qui semble trop rétréci devient un enjeu politique.
Danièle Obono a accumulé plusieurs mois de campagne (présidentielle puis législatives) tout en continuant à travailler comme bibliothécaire, puis elle a été élue députée (de justesse) et s’est retrouvée tout de suite dans le tourbillon des réformes voulues par la majorité macroniste.