«Comment ça va ?
— Mal… Je veux la révolution.
— Dans quel sens ?
— Le bon sens, le nôtre ! »
Le premier tour des législatives approche, plus incertain que jamais, mais ce matin-là, Jean-Marc Tellier se rassure en terrain connu. Sur le marché d’Avion, commune du bassin minier limitrophe de Lens, Michèle, à qui le député communiste sortant tend son tract, votera pour lui les 30 juin et 7 juillet. « En souvenir de mon père mineur et de la misère que j’ai connue, glisse l’ancienne institutrice de 80 ans. À la fin des années 1950, j’ai vu ici des enfants mourir de faim, quand le charbon ne rapportait plus. » La troisième circonscription du Pas-de-Calais, celle d’Avion, est à gauche et Michèle veut qu’elle le reste. Depuis l’annonce des élections anticipées (lire l’épisode 1, « Macron, maboul de cristal »), la petite dame en manteau rouge oscille entre la crainte de voir l’extrême droite accéder au pouvoir et l’espoir d’un grand soir.
Fils de mineur lui aussi, Jean-Marc Tellier, investi par le Nouveau Front populaire, milite au Parti communiste (PCF) depuis ses 17 ans. En juin 2022, la victoire de ce quinquagénaire bonhomme avait eu pour la gauche des airs de trophée : sa circonscription a été la seule de France à être reprise au Rassemblement national (RN) par la Nupes. En 2017, un ancien communiste passé au Front national quatre ans plus tôt, José Evrard, avait gagné la « circo » auparavant socialiste...