Chicago, envoyée spéciale
Joy arrive un peu en avance. Elle connaît les organisateurs, salue tout le monde. Nous sommes à Hyde Park à Chicago, d’où Les Jours racontent la campagne présidentielle américaine. Aux murs, des grandes photos témoignent des longues années de lutte pour la libération des Noirs du pays. Les locaux de la Rainbow Push Coalition du pasteur Jesse Jackson sont à la fois un lieu de mémoire et de mobilisation. Ce soir, ils hébergent plusieurs associations qui se battent pour l’élection d’un conseil des écoles pour la ville de Chicago, véritable outil de la politique scolaire, gestionnaire notamment du budget. Voilà des années que les habitants la réclament. « À l’approche de l’élection présidentielle, ce sont des moments où l’on questionne la démocratie, nous essayons au minimum de l’exercer au niveau local, là où c’est le plus utile », m’explique Joy. En 1995, l’État de l’Illinois a confié l’entière gestion des écoles de Chicago au maire (démocrate) de la ville. L’administration municipale a alors imposé une autorité centralisée, sans contre-pouvoir. Une sorte de ministère de l’Éducation nationale à l’échelle de la ville. Or, « après vingt ans de contrôle par le maire, les écoles sont davantage séparées et inégalitaires », accuse un tract. Les Afro-Américains constituent les trois quarts de l’assistance. « On veut juste avoir les mêmes chances que les autres », explique un participant. Seuls 9 % des 380 000 élèves des écoles publiques sont blancs, le reste se partage principalement entre les Noirs et les Hispaniques. 80 % sont considérés comme « économiquement désavantagés », d’après Chicago Public Schools, l’équivalent local du rectorat.