À défaut de liberté, Kamel Daoudi avait retrouvé une certaine stabilité. Depuis presque cinq ans, le ministère de l’Intérieur n’avait plus déplacé cet ancien détenu, de 2001 à 2008, pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Il était assigné à résidence à Carmaux, une petite ville du Tarn. Sa femme et leurs quatre enfants l’ont rejoint. Ils ont acheté une maison. Mais dimanche dernier, sans préavis, Kamel Daoudi a dû quitter Carmaux sous escorte pour s’en aller à près de 500 kilomètres de là, en Charente-Maritime.
Ce matin-là, comme les 1 800 précédents, l’assigné va pointer au commissariat de Carmaux à 9h15. À force de le voir trois fois par jour, les policiers se contentent d’un coucou par la fenêtre et notent eux-mêmes son passage sur le registre. Sauf que dimanche, le commandant veut lui parler pour pour lui notifier un arrêté d’assignation flambant neuf. Kamel Daoudi lit d’abord que chaque jour, il devra pointer une quatrième fois. Que le ministère de l’Intérieur lui impose désormais un couvre-feu à domicile, de 21 heures à 7 heures du matin. Et il découvre, enfin, son transfert immédiat de Carmaux à Saint-Jean-d’Angély, une ville de 8 000 habitants dont il n’a jamais entendu parler.
« Je m’attendais un peu à voir mes contraintes revues à la hausse », commente Kamel Daoudi, attablé devant un cappuccino, à une terrasse de Saint-Jean-d’Angély.