Vous connaissez Un jour sans fin ? Mais siiiii, ce film de 1993 où Bill Murray se réveille tous les matins au son d’un radio-réveil et revit la même journée, encore, encore et encore. Au début, la situation a juste l’air pénible, puis elle le rend dingo. Et bien l’état d’urgence, c’est pareil. Depuis le premier jour, le 14 novembre 2015, il est censé être exceptionnel. C’est même la principale justification de son existence. Ni la commission des lois, ni les professionnels de l’antiterrorisme ne prétendent plus qu’il soit d’une quelconque efficacité dans la lutte contre le terrorisme (lire l’épisode 44, « L’état d’urgence a réponse à tout »). Mais puisque la France, la Turquie et la Tunisie semblent lancées dans un concours de qui raccroche l’état d’urgence en dernier, espérons qu’on va gagner.
Emmanuel Macron avait déjà annoncé son intention de prolonger l’état d’urgence jusqu’au 1er novembre prochain quand Le Monde a révélé, cette semaine, qu’après cette date, le gouvernement projetait purement et simplement de le transplanter dans une nouvelle loi antiterroriste. Dans sa version actuelle, le texte reprend toute la substance de l’état d’urgence et quasiment toutes ses méthodes – assignations à résidence, perquisitions et autres mesures administratives dérogatoires au droit commun – parfois en les aggravant. Réjouissez-vous, ardents défenseurs des libertés publiques : en devenant la règle, l’état d’urgence pourra être levé. Oui, c’est absurde, mais c’est comme ça.
Dans ce contexte prometteur, des associations et personnalités critiques des lois sécuritaires votées depuis une dizaine d’années repartent une fois de plus en campagne.