À l’occasion de la sortie mondiale de son nouveau livre, Abortion and The Law in America (Cambridge University Press), la juriste et historienne Mary Ziegler, professeure de droit à l’université d’État de Floride, qui s’est imposée depuis quelques années comme la spécialiste de référence sur l’avortement aux États-Unis, a bien voulu répondre aux questions des Jours. L’interruption volontaire de grossesse est garantie par la Constitution américaine depuis l’arrêt « Roe v. Wade », adopté en 1973 mais depuis, l’IVG ne cesse d’être remise en cause, singulièrement sous la présidence de Donald Trump, ainsi que nous l’expliquions dans l’épisode précédent de This is America.
Pourriez-vous rappeler, comme vous le faites dans votre livre, les fondements juridiques de l’arrêt « Roe v. Wade » de la Cour suprême pour légaliser l’avortement ? Et sur quelle base pourrait-elle revenir sur cette décision ? C’est-à-dire comment pourrait-elle trouver dans la Constitution l’inverse de ce qu’elle y a trouvé en 1973 ?
En 1973, les juges ont moins consulté la Constitution que des décisions précédentes sur le droit à l’intimité (privacy) et l’autonomie des choix privés sur le mariage, la procréation ou la contraception. Pour la Cour suprême, l’avortement faisait partie de ces décisions privées fondamentales dans lesquelles l’État n’a pas à interférer. Mais aussitôt cette décision prise, les penseurs conservateurs