Jeudi dernier, l’élection présidentielle aux États-Unis était déjà vieille d’un mois. Dans beaucoup de démocraties industrialisées, dont la France, le nouvel élu serait déjà aux manettes, se hâtant de mettre en œuvre les réformes promises durant la campagne. Pas aux États-Unis. Le suffrage universel indirect condamne tout « president-elect » (président élu) après le vote populaire à attendre la réunion des grands électeurs, fixée cette année au 14 décembre, puis la validation de leur vote par le Congrès début janvier. Avant, enfin, la grande fête de l’investiture qui, depuis 1933 et le 20e amendement de la Constitution, se tient rituellement le 20 janvier. Ce dernier a réduit la durée de la transition d’un mois et demi : les Pères fondateurs de la fin du XVIIIe siècle avaient établi la fin de la période au 4 mars, date d’entrée en fonction du premier Congrès fédéral régi par la nouvelle Constitution en 1789. Cette interminable transition est traditionnellement rythmée par les annonces du nouveau président sur les membres de son futur gouvernement, tandis que l’ancien, dénommé « lame duck » (« canard boiteux ») comme le Congrès, expédie les affaires courantes. Il se garde alors bien de prendre la moindre mesure d’envergure, sauf à y être contraint par une actualité internationale chaude. Les sanctions annoncées contre la Russie par Barack Obama fin décembre 2016 donnaient d’ailleurs la mesure du choc représenté par l’ingérence de Moscou dans la présidentielle états-unienne de 2016. Mais la diplomatie de Vladimir Poutine n’avait justement pas hésité à se moquer de ce président finissant sur Twitter… avec l’image d’un joli caneton.