Le 14 décembre 2020, Joe Biden a été élu par le collège des grands électeurs 46e président des États-Unis d’Amérique. Cette issue, inéluctable depuis sa victoire lors du scrutin du 3 novembre 2020 (lire l’épisode 28, « Joe Biden rentre à la Maison »), n’aura été que voilée par la véritable insurrection judiciaire menée par le Président Donald Trump, qui refuse toujours de reconnaître sa défaite et affirme même être le vainqueur légitime. Loin de ces palinodies, Joe Biden, fort du statut de « Président élu » enfin reconnu par l’administration Trump fin novembre, a pu mener le début de sa transition présidentielle, nommant ses équipes et affinant son projet politique, qui avait été dominé pendant la campagne par son seul positionnement de « remède anti-Trump ».
Le succès de ce référendum anti-Trump, posé dès l’entrée en campagne de Biden comme fondement de sa candidature, est évidemment aujourd’hui une faiblesse pour le futur exercice du pouvoir. Tout comme l’est le résultat des élections législatives qui, aux États-Unis, sont couplées avec la présidentielle. Si les électeurs ont décidé de renvoyer Donald Trump au bout d’un seul mandat, ce n’est pas pour autant qu’ils ont rejeté les républicains. Bien au contraire, ceux-ci ont fait des gains exceptionnels à la Chambre, réduisant la majorité démocrate de onze sièges. Et au Sénat, avant les deux seconds tours de Géorgie prévus le 5 janvier, qui détermineront la majorité de la Chambre haute, les républicains n’ont perdu que deux sièges sur vingt-et-un à défendre, en regagnant celui de l’Alabama. Si les démocrates ne remportent pas les deux sénatoriales de Géorgie, cela serait la première fois de l’histoire qu’un Président démocrate nouvellement élu n’aurait pas la majorité dans les deux chambres du Congrès depuis… Grover Cleveland en 1885. Aussi bien Barack Obama, Bill Clinton que Jimmy Carter disposaient de très vastes majorités parlementaires dans les deux chambres au début de leur mandat, quand les deux hypothétiques victoires en Géorgie n’apporteront au mieux à Biden qu’un 50/50 au Sénat départagé, conformément à la Constitution, par le vote de Kamala Harris, la vice-présidente.

Si Joe Biden dispose de cette majorité purement technique au Sénat, elle l’obligera à compter sur un sénateur démocrate aussi modéré que Joe Manchin, de Virginie occidentale, qui a voté plus de 50 % du temps en faveur de l’administration Trump entre 2017 et 2021.