La primaire démocrate a donc rendu son verdict en dix jours à peine, entre Caroline du Sud le 29 février et second Super Tuesday du 10 mars. Joe Biden, 77 ans, a repris la tête pour décrocher l’investiture démocrate contre Bernie Sanders, 78 ans, pourtant vainqueur des premiers scrutins et du plus grand État de l’Union, la Californie. Un de ces deux hommes politiques, sans doute Biden (lire l’épisode 4, « Biden le survivant »), élus nationaux respectivement depuis 1973 et 1991, sera chargé par son parti de chasser Donald Trump de la Maison-Blanche alors que, sur la ligne de départ, six femmes avaient présenté leur candidature. Mais 2020 ne fera pas exception à des statistiques que chaque cycle présidentiel rend toujours plus incongrues. Après ce vote démocrate de 2020, Hillary Clinton restera la seule femme politique en 230 ans à avoir remporté au moins une primaire à délégués dans un État. Elle restera la seule, en 2016, à avoir été désignée par l’un des deux grands partis pour être sa candidate à la présidence, en 58 élections présidentielles.
Ce plafond de verre présidentiel pour les femmes politiques aux États-Unis est encore plus remarquable en 2020. Parmi les six femmes démocrates candidates

Cette barrière invisible étonne d’autant plus si on regarde l’histoire des droits politiques des femmes aux États-Unis, plus précoces que les autres grandes démocraties industrialisées grâce au rôle pionnier des territoires de l’Ouest. Le minuscule Wyoming, mieux connu de nos jours pour le film Brokeback Mountain, est en décembre 1869 le premier à accorder le droit de vote aux femmes. Et le 6 septembre 1870, Louisa Ann Swain est la première femme à voter au Wyoming qui devient un État de l’Union en 1890 en refusant d’abandonner cette législation favorable aux femmes. Les motifs du Wyoming, comme de beaucoup des États de la Frontière de l’époque, ne sont pas nécessairement nobles