«C’était bien, tes vacances ? » Éreintantes, aurait pu répondre Mathilde, juriste dans une multinationale de la musique, de retour au bureau après la Rébellion internationale d’octobre (RIO), des actions de blocage organisées simultanément dans plusieurs capitales du monde par le mouvement de désobéissance civile écolo Extinction Rebellion (lire l’épisode 5, « Rebelle semaine de RIO à Paris » ). Qu’a-t-elle vraiment dit à sa cheffe pour expliquer les traits tirés, le teint pâle et la descente d’adrénaline qui ressemble fort à une gueule de bois ? « J’ai bricolé un truc sur un engagement associatif où je faisais à manger pour beaucoup de monde », sourit Mathilde dans un bistrot matinal sur le chemin du boulot. Demi-mensonge seulement puisque cette quadragénaire ronde aux yeux brillants, rencontrée pour la première fois lors d’une journée de formation à la désobéissance civile qu’elle animait (lire l’épisode 3, « Extinction Rebellion donne l’assaut »), avait pris ses congés pour faire partie de la « team cuisine ». Elle était chargée de ravitailler trois fois par jour les centaines d’occupants de la place du Châtelet qui ont campé près d’une semaine au cœur de la capitale. Un drôle de Club Med donc…
Les « rebelles » d’XR, le sobriquet d’Extinction Rebellion, avaient préparé cette RIO pendant des mois. La voilà passée. Les lendemains de fête, fût-elle verte et réussie, ne sont pas toujours les plus riants. Dans le cas de Mathilde, qui a passé ses dernières heures de rébellion automnale à transporter les sacs à dos, tentes, cantines et talkies-walkies laissés au Châtelet par les activistes dans son garage de Rosny-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, l’épuisement a dépassé l’exaltation. Trop de tension, trop d’émotions. « J’ai passé une semaine debout avec des mixeurs à la main, tout allait bien. Là, j’ai mal au dos, toute l’adrénaline est tombée et la fatigue avec », explique-t-elle. C’est qu’il a fallu réaliser ce coup d’éclat, mais aussi essuyer les critiques de plusieurs bords (lire l’épisode 7, « Extinction Rebellion devant le tribunal écolo »), tenir un siège que rien ne laissait présager et, enfin, retourner à la vie civile.

Depuis, la « Base », le centre nerveux et numérique d’XR (lire l’épisode 2, « Extinction Rebellion et ses militants de “Base” »), bruisse de débriefings en ligne des différentes actions et de débats