Silvana Estrada, Marchita (Glassnote Music, 2022)
Il y a quelques mois, je parlais dans cette chronique de l’Américaine Xenia Rubinos (lire l’épisode 107, « Xenia Rubinos et Lucha Villa, deux vives voix ») qui, dans son troisième album, Una Rosa, explorait à sa façon très aventureuse des racines latino qu’elle avait jusque-là gardées pour elle. Il y a désormais une fierté revendicatrice dans sa voix et elle participe là à un vaste courant de renaissance de la sphère musicale latino-américaine, qui n’en finit pas en ce moment de s’insérer dans la musique populaire sans plus chercher à effacer ses origines – à commencer par la langue espagnole. Le streaming, bien sûr, est aussi passé par là, qui fabrique désormais des marchés gigantesques au Mexique, en Colombie ou au Venezuela (au Brésil aussi, dans une autre langue), alors que les artistes de ces pays ont longtemps eu comme choix de déraciner leur musique pour la rendre internationale ou de rester coincé dans les frontières de leur continent et des diasporas. Tout cela a désormais volé en éclats et ce n’est pas pour rien qu’une firme comme Disney a récemment enchaîné des longs métrages, Coco puis Encanto, la fantastique famille Madrigal, qui se situent dans cette sphère culturelle et musicale. Et ça paye, puisque l’une des chansons d’Encanto, We Don’t Talk about Bruno, est aujourd’hui en tête des écoutes aux États-Unis, devenant le plus gros succès musical de Disney depuis le Libérée, délivrée de La Reine des neiges.
C’est dans ce nouveau monde de possibles agrandis qu’apparaît aujourd’hui Silvana Estrada, Mexicaine de 24 ans qui publie Marchita, son « premier album réel », comme elle l’appelle.