Silvana Estrada, Marchita (Glassnote Music, 2022)
Il y a quelques mois, je parlais dans cette chronique de l’Américaine Xenia Rubinos (lire l’épisode 107, « Xenia Rubinos et Lucha Villa, deux vives voix ») qui, dans son troisième album, Una Rosa, explorait à sa façon très aventureuse des racines latino qu’elle avait jusque-là gardées pour elle. Il y a désormais une fierté revendicatrice dans sa voix et elle participe là à un vaste courant de renaissance de la sphère musicale latino-américaine, qui n’en finit pas en ce moment de s’insérer dans la musique populaire sans plus chercher à effacer ses origines
C’est dans ce nouveau monde de possibles agrandis qu’apparaît aujourd’hui Silvana Estrada, Mexicaine de 24 ans qui publie Marchita, son « premier album réel », comme elle l’appelle. Car la jeune femme a déjà publié un long format en 2017, Lo Sagrado. Ce n’était pas un disque indigne du tout, sa voix était déjà pleine d’espoir, mais elle se faisait aussi souvent promener par une musique jazz facilement démonstratrice sous les ordres du guitariste Charlie Hunter. Puis Silvana Estrada est passée à une musique de chambre le temps d’un EP, Primeras Canciones, où elle posait sa voix poignante sur des beats cotonneux et des entrelacements vocaux. La native de Coatepec, une petite ville de l’État de Veracruz, sur la côte centre-est du Mexique, cherchait encore sa place dans sa musique autant que dans sa famille qui l’a baignée de musique.