Stasik et Vladimir Vissotski, back in the USSR

Stasik, Колискова для ворога (Kvitnu, 2019)

Quels sont les échos musicaux de la guerre déclenchée par la Russie le 24 février en Ukraine ? Si la question est évidemment secondaire aujourd’hui, elle n’est jamais futile, tant la musique a fait partie d’une façon ou d’une autre de tous les combats armés, faisant naître de nouvelles chansons ou en transformant d’autres en hymnes soudains. Le conflit ukrainien de 2022 n’échappe pas à ce processus, même s’il est difficile de mettre en avant une chanson plus qu’une autre aujourd’hui – si ce n’est l’hymne national bien sûr, chanté ces derniers jours aussi bien dans les profondeurs du métro de Kyiv transformé en abri anti-aérien que devant le siège du gouvernement britannique à Londres.

J’ai tout de suite pensé à la musique du quartet DakhaBrakha, fascinant groupe formé au sein du Centre d’arts contemporains Dakh, à Kyiv, qui avait secoué le public des Transmusicales de Rennes en 2013, alors que la place de l’Indépendance était déjà le lieu d’affrontements entre progressistes europhiles et conservateurs prorusses. Depuis une grosse décennie, le groupe – trois voix féminines, une voix masculine, toutes multi-instrumentistes – exploite des chansons collectées à travers la campagne ukrainienne qui se vide inexorablement, qu’il fait revivre dans un mélange de polyphonies poignantes, de rock slave et de surgissements électroniques ou hip-hop savamment amenés.