Horace Andy, Midnight Scorchers (On-U Sound, 2022)
Au mois d’avril dernier, le vétéran du reggae Horace Andy, 71 ans dont cinquante ans de carrière derrière lui, sortait un album que l’on attendait depuis longtemps. Midnight Rocker était en effet sa rencontre tardive avec le producteur britannique Adrian Sherwood, pilier du dub européen, fondateur du passionnant label On-U Sound et moitié (entre mille autres projets) d’African Head Charge (lire l’épisode 53, « HHY & The Macumbas et African Head Charge, folklores du futur »). Un vrai bon disque qui faisait se rencontrer la voix matifiée par le temps d’Andy et un reggae paisiblement inventif, et sans doute l’un des plus solides du chanteur au milieu d’une discographie qui n’en manque pas, entre ses sorties solo et sa parenthèse miraculeuse auprès de Massive Attack à la fin des années 1990. Mais Midnight Rocker restait aussi bizarrement sage, gentiment au milieu de la route alors que ces deux-là n’ont plus rien à prouver ni à perdre. Adrian Sherwood aurait pu emmener Horace Andy bien plus loin, et ce dernier aurait pu accepter d’être bousculé davantage. Il faut croire qu’ils avaient envie (ou besoin) d’un album pour tout le monde et c’était réussi dans ce sens, mais un goût de pas totalement satisfaisant surnageait sur la longueur.
Heureusement, Andy comme Sherwood savent bien tous les deux qu’un enregistrement n’est qu’une étape dans la vie d’une œuvre reggae, donnant notamment régulièrement naissance à des variations dub qui nourriront aussi bien des remixes que des versions scéniques.