Tenesha the Wordsmith, Peacocks & Other Savage Beasts (On the Corner, 2019)
C’est le genre de disque hors piste, hors tout, émergé de nulle part au détour d’une recommandation sur une plateforme de streaming. Car oui, si on les nourrit régulièrement de nouvelles pistes musicales, les algorithmes peuvent aussi donner de très belles choses à entendre. C’est le cas de Peacocks & Other Savage Beasts, le deuxième album de cette Américaine qui réactive et modernise admirablement le spoken word, le parlé-chanté ancêtre constitutif du mouvement hip-hop.
Tenesha Smith ne sort pas complètement du néant. On l’avait déjà remarquée l’an dernier sur un titre de Black Noise 2084, très bon disque de l’Italien DJ Khalab. C’est lui qui est aujourd’hui aux commandes musicales de l’album de Tenesha the Wordsmith (la « forgeuse de mots », ou quelque chose comme ça) et cet attelage transatlantique inattendu s’avère terriblement moderne et ambitieux, le mariage d’un phrasé hérité des mouvements noirs des années 1960 et 1970, d’une électronique sèche et d’un regard sonore réfléchi sur l’héritage rythmique africain qui relie les deux.
Tenesha Smith a grandi à Oakland, en face de San Francisco, avant de partir pour New York commencer sa carrière d’écrivaine et de musicienne. De son enfance avec sa mère et sa sœur dans des quartiers pauvres, elle raconte que ce sont les livres qui l’ont sauvée.