
Panda Bear et Sonic Boom, Reset (Expanded Edition) (Domino Recordings, 2022)
On néglige parfois certains disques pour une raison insuffisante. C’est le cas de l’album publié au milieu de l’été par l’Américain Panda Bear et le Britannique Sonic Boom. Ça s’appelle Reset et personne ne peut dire que c’est un mauvais disque. Sa pop resplendit de partout et d’une façon différente, mais c’est aussi un disque trop Panda Bear. Immédiatement, j’ai eu la sensation d’y entendre les mêmes mélodies tournoyantes que Noah Lennox, 44 ans et natif de Baltimore, déploie depuis des années dans ses albums solo comme au sein du groupe Animal Collective. Reset était comme du déjà entendu ce ce côté-là, même si c’était du très bon déjà entendu. Alors je suis passé à autre chose, avant que le disque ne remonte à la surface au hasard des écoutes, des lectures et d’une nouvelle édition étendue qui lui ajoute neuf instrumentaux captivants. Désormais, je ne peux plus me passer de ce disque, qui n’a jamais effacé ma sensation première mais a fini par la sublimer.
Car Reset est bien plus qu’un disque qui se répète signé par un musicien qui a atteint son apogée en deux disques de 2007 et 2011 (Person Pitch et Tomboy), qui eux-mêmes encadraient l’apogée pop d’Animal Collective (l’enchaînement parfait de Strawberry Jam en 2007 et Merriweather Post Pavilion en 2009). Comme son groupe, Noah Lennox a passé beaucoup de temps, depuis, à brouiller les pistes et à noyer son talent mélodique dans des détours nébuleux chargés de refuser le succès grand public qui ne lui convient pas. Lui qui aurait pu encaisser les fruits de ses compositions qui réactivent les ondes sucrées du meilleur des années 1960, lui qui figure même au générique du Random Access Memories de Daft Punk (2013) et apparaît aux côtés de Solange Knowles (When I Get Home, en 2019), préfère la vie invisible aux stades trop grands. Dans la même logique protectrice, Noah Lennox a d’ailleurs quitté les États-Unis en tombant amoureux de Lisbonne lors d’une tournée d’Animal Collective, avant d’y faire sa vie de famille et la suite de ses aventures sonores.

La jonction avec Peter Kember, alias Sonic Boom, s’est faite autour de l’album Tomboy, quand un ami commun les a connectés via MySpace (ce qui ne les rajeunit pas).