
Skrillex, Quest For Fire/Don’t Get Too Close (OWSLA/Atlantic records, 2023)
En 2023, on n’attendait plus grand-chose de Sonny John Moore, alias Skrillex, le wonder boy de l’EDM qui tachait sévère dans les années 2000, et sûrement pas deux albums sereins et curieux sortis d’un coup mi-février. Dans cette branche de la musique aux machines façonnée pour la vendre enfin aux campus américains sous un sigle qui ne dit rien de sa forme (EDM pour « electronic dance music »…), Skrillex, le gamin au crâne rasé à gauche, a tout cassé en fusionnant les basses monstrueuses du dubstep (lire l’épisode 75, « The Bug et Dis Fig, one dubstep beyond ») et toutes les astuces déployées avant lui par tous les DJ de mariage et de springbreak réunis
Entièrement taillée pour faire sauter des gamins américains surchargés au cocktail Red Bull-amphétamines autant qu’au masculinisme abrutissant, la musique de Skrillex était aussi un mouvement qu’on a fini par nommer « brostep », une relecture biaisée du dubstep qui niait largement l’histoire de cette musique
Tout avait été dit très fort, et après ? Skrillex a monnayé son aura jeune et ses indiscutables talents techniques auprès de toute la musique, de Lady Gaga à J Balvin en passant par Korn, Ed Sheeran et The Doors (c’est vrai), dans ce qui ressemblait de plus en plus à une errance de cachetonneur dénuée de sens.