Deerhoof, Miracle-Level (Joyful Noise Recordings, 2023)
Qui peut s’asseoir à la table de Deerhoof et dire : je viens de sortir mon dix-neuvième album en presque trente ans et c’est un de mes meilleurs ? Ça s’appelle Miracle-Level et c’est un disque qui tient tranquillement les promesses d’élévation de son titre, mais à la Deerhoof : fou, tordu, joyeux, bruyant, amusé, inventif. Deerhoof, c’est la guitare jazz la plus exigeante (John Dieterich et Ed Rodriguez), les structures brisées du metal et la batterie du math rock (Greg Saunier) qui tapissent frénétiquement le paysage pendant que la chanteuse et bassiste Satomi Matsuzaki avance au milieu du chaos sans jamais forcer sa voix.
Il y a peu d’artistes ou de groupes qui tiennent une ligne avec autant de pureté que le quartet formé à San Francisco au milieu des années 1990, avant de s’éparpiller entre la Californie et la côte Est. Miracle-Level vient nous le rappeler utilement, quand on a pu perdre de vue Deerhoof ces dernières années où ses albums étaient avant tout taillés pour nous attirer sur scène, où le groupe exprime toute sa folie. Car Deerhoof est une aventure live par nature, et ses nombreux disques gardaient jusqu’ici un côté brut de décoffrage, quelque chose d’encore collant qui prendrait forme in real life, devant nos yeux pleins de sueur au bout de deux titres. C’était très bien comme ça, ça n’a jamais empêché Deerhoof de sortir des bons disques où les mélodies