
Madison McFerrin, I Hope You Can Forgive Me (Big Dada/Modulor, 2023)
Personne ne sera surpris évidemment, mais le confinement de 2020 apparaît chaque jour un peu plus comme une grande barrière temporelle. Un temps de vide et d’interrogations, puis un redémarrage qui va depuis de crise en crise sans parvenir à freiner la plus grosse, la catastrophe climatique qui nous a déjà avalés. Le premier album de Madison McFerrin, 31 ans, est lui aussi sorti de cette frontière entre deux mondes avec un supplément de doutes sur sa capacité à voir au-delà.
En vérité, la New-Yorkaise s’inquiète bien plus pour elle que nous. Formée au Berklee College of Music de Boston, apparue au public en 2016, elle s’est fait un nom en chantant une soul a cappella aussi bienveillante que peu risquée, se plaçant sans trop forcer dans les pas de son père, Bobby McFerrin, chanteur protéiforme et auteur du gigantesque tube vocal Don’t Worry Be Happy auquel il était impossible d’échapper en 1988

Puis le confinement est tombé d’un coup, qui est apparu comme une chance à saisir pour la chanteuse qui n’attendait que ça, elle qui peinait à composer entre deux concerts à travers le monde. Enfin posée chez elle à New York, elle a pu prendre le temps d’apprendre à maîtriser des logiciels qui lui échappaient encore largement et commencer à produire sa propre musique. Et ça change tout, tant I Hope You Can Forgive Me montre presque une nouvelle chanteuse et livre une poignée de belles chansons très personnelles.