Arlt, Soleil enculé (Objet disque / Murailles musique, 2019)
Au début, on ne sait pas trop si la première phrase du quatrième album de Arlt est « Voilà l’enfance enfin » ou « Voilà l’enfant sans fin ». Après vérification dans le livret, c’est la première version qui est la bonne
Arlt est un groupe à part en même temps que la continuation d’une longue histoire. Unique parce qu’il chante une poésie noire tendre comme une nuit humide à la campagne, posée sur des musiques de cabaret bousillé qui doivent autant à la country qu’au free-jazz et au minimalisme électrique. Une suite, car on a tout de suite entendu dans ces chansons bizarres, poussées par la voix maniérée et amusée d’Éloïse Decazes, un nouveau renouveau folk venu des années 1970, quand des collectifs comme Malicorne et Mélusine ramassaient de vieilles chansons populaires, airs de mariage et ritournelles de travail aux champs, pour leur donner une nouvelle vie psychédélique et idéaliste.
Les chansons de Arlt se sont placées dans cette continuité d’office dans La Langue, premier album impérial de 2010 où le duo reprenait Je voudrais être mariée, une chanson traditionnelle et donc éternelle qui raconte les espoirs d’une femme pour échapper à l’épuisant travail des champs.