Cornershop, England is a Garden (Ample Play Records, 2020)
Il y a une catégorie de musiciens qu’il faut respecter encore plus que les autres : ceux qui durent avec une discrétion et une régularité sans faille. Qui sont là, contre tous les vents et toutes les marées depuis des décennies, pour nous donner de la bonne musique qui avance et qui leur ressemble toujours. Cornershop, né dans le centre de l’Angleterre au début des années 1990, est de ce club exigeant où je placerais aussi les Américains de Yo La Tengo et de Low, et même Nada Surf qui vient aussi de revenir avec un bon album à sa façon. Nada Surf a d’ailleurs une histoire un peu similaire à celle de Cornershop, les deux groupes ayant connu un énorme tube qui aurait pu les tuer, mais ils se sont accrochés à leur musique et ont continué de labourer leur underground pop en disparaissant des oreilles du grand public.
Le tube de Cornershop s’appelait Brimful of Asha, sorti sur le troisième album du groupe en 1997, le toujours classique When I Was Born for the 7th Time. C’était un très bon morceau bizarre sur l’album, puis un remix de Fatboy Slim en a fait un hymne big beat incontournable de la fin des années 1990 et tout le monde s’est retrouvé à chanter « forty-five ! » en boucle dans la rue sans trop savoir ce que cette chanson pouvait bien raconter. Ce « 45 » cryptique, c’était les quarante-cinq tours sur lesquels la musique d’