
Christophe, Aline (Disques AZ, 1965)
Commençons cet épisode de Face A, face B par un scoop de poids : Les Jours sont le seul média à ne jamais avoir passé la nuit chez Christophe. Non pas qu’on n’aurait pas aimé aller mettre un disque dans un de ses vieux juke-boxes, parler bagnole ou mater le boulevard du Montparnasse vide en écoutant La Dolce Vita à fond. Mais voilà, on n’aura pas eu le temps de faire ce petit pèlerinage parisien chez l’homme de la nuit, emporté comme déjà trop d’autres par le Covid-19 (lire l’épisode 41, « Manu Dibango et Francis Bebey, Cameroun’ the world ») après une longue bataille médicale achevée dans un hôpital de Brest ce jeudi soir.
Christophe s’était retiré dans la nuit depuis des décennies parce que c’est là qu’on évite le futile pour ne garder que les choses nécessaires

Dès ses débuts, une année plus tôt, Christophe a écrit, composé ou travaillé étroitement avec quelques autres personnes. Il a construit son propre monde plutôt que reprendre de molles traductions des tubes anglo-saxons de l’année précédente comme à peu près tous les yéyés. Aline, son gigantesque succès d’entrée en 1965, serait plutôt du Ennio Morricone en français, une balade méditerranéenne sur chœurs féminins retenus, le soleil dans les Ray-Ban avec la petite larme qui coule. La chanson, qui doit son nom à une Aline qui tenait le vestiaire d’un club à la mode, L’Orphéon, a vite été rincée entre deux Sheila par les radios, mais elle était déjà bien plus et Christophe ne l’a jamais abandonnée à son sort de bluette. Il suffit d’entendre sa version dénudée au piano dans le remarquable live Intime de 2014 pour comprendre que cette chanson est restée importante pour lui aussi.