
Meryem Aboulouafa, Meryem (Animal63, 2020)
Il y a des disques qui s’imposent d’eux-mêmes dans le roulement des écoutes hebdomadaires. Ils sont aidés par le boulot des attachés de presse, mais ils n’ont même pas besoin de ça. Le premier album de Meryem Aboulouafa est de ceux-là, évident et immédiat. Un disque baigné d’une mélancolie apaisée, dans laquelle on tombe d’un coup. On a pourtant vu venir la jeune trentenaire marocaine de loin, dès ses premiers titres en 2016-2017 puis via un single qui racontait parfaitement sa musique l’an dernier, Breath of Roma. Une pop song mélancolique, ample comme la Méditerranée, dans laquelle Meryem Aboulouafa évoquait sa découverte émerveillée de Rome et de l’Italie, elle qui raconte souvent comment, petite fille de Casablanca, elle pensait que le monde s’arrêtait à sa ville. Vivre quelques années en Italie a ouvert un nouveau chapitre que ce premier album vient compléter aujourd’hui.
Meryem Aboulouafa a été jetée très jeune dans le grand bain artistique sans trop savoir qu’en faire, arpentant les conservatoires de musique puis de danse de Casablanca, s’essayant au violon sans trop de passion avant de s’accrocher à la guitare et de commencer à composer ses propres chansons en arabe, en français, désormais en anglais qui domine son disque. Ce fut longtemps un hobby pour elle, qui a joué la sécurité en préférant des études de design avant d’ouvrir une agence qui réalise des aménagements d’intérieur. La musique aurait pu rester une tâche de fond de sa vie, enregistrée pour les proches et quelques internautes, mais une de ses chansons a terminé sur le bureau d’un label parisien en construction, Animal63, une maison de disques créée par le distributeur numérique Believe, géant du secteur en manque de reconnaissance publique et artistique faute d’être à l’origine des disques qu’il ne fait que représenter auprès des plateformes de streaming. Meryem Aboulouafa était une personnalité moderne à saisir, une jeune femme du monde qui porte le voile et veut apprendre quelque chose à chaque morceau qu’elle enregistre. Un profil un peu Instagram aussi, sans aspérités rendues visibles.
Dans cette démo, elle chantait au ralenti Ya Qalbi, un classique de la chanson arabo-andalouse, sur une production moderne qui enveloppait sa voix d’un léger auto-tune et de boucles de clavier passées à l’envers. Le résultat fantomatique, intégré dans ce premier album,