En 2019, plusieurs chansons de l’album J4M de la chanteuse Vitaa ont disparu de Spotify pendant plusieurs semaines. Des internautes se sont demandé pourquoi un peu partout sur les réseaux sociaux, mais le disque de celle qui a connu le succès dans les années 2000 dans le mémorable Confessions nocturnes de Diam’s a fini par réapparaître en entier et l’histoire a été oubliée. Pourtant, dans le petit monde de la musique, cette disparition a fait l’effet d’une bombe atomique qui a rompu un équilibre précaire. Un point de non-retour. Car ces chansons de Vitaa n’ont pas disparu en raison d’un bug technique ou d’un mic-mac de droits d’auteur comme cela arrive parfois : selon les informations des Jours, elles ont été suspendues parce que Spotify a considéré qu’elles étaient portées par beaucoup de streams artificiels. Contact a donc été pris avec le label de la chanteuse, le géant indépendant Play Two, mais le problème a continué, entraînant la plus grosse des sanctions possibles : le take down, le retrait pur et simple et donc la suspension de toutes les écoutes et revenus.
Play Two est un label pléthorique, qui a publié des disques des rappeurs Gims et Kalash aussi bien que la variété de Gaëtan Roussel et Julien Clerc. Il est surtout la propriété de TF1 depuis 2019, entré au capital de cette entreprise qui a été selon les années l’un des tout premiers labels indépendants français, appuyé pour cela sur la distribution de la major Warner Music. Et c’est dans ces années que, selon nos informations rassemblées auprès de plusieurs acteurs informés, Play Two est devenu un « usual suspect » du fake stream. « Play Two avait l’habitude de tricher et ses habitudes auprès de fournisseurs de streams, explique ainsi l’un d’entre eux. Ils étaient reconnus comme un des labels qui trichait le plus, ou qui le faisait plus mal que les autres. » Ou qui se laissait déborder par les pratiques de ses artistes et de leur entourage. « Warner, Deezer et Spotify les alertaient sur des artistes, mais il ne se passait pas grand-chose, ça continuait. » Jusqu’à ce que Spotify sorte « la grosse artillerie » et fasse un exemple avec les chansons de Vitaa. Sollicitée pour cette enquête, la direction de Play Two n’a pas donné suite à nos messages.
Cette affaire concernant Vitaa n’est pas isolée. Il y en a eu d’autres dans le top 100, des titres ou albums retirés quelques semaines après leur sortie. Des chansons suspendues et « démonétisées »