«J’en suis sûr, Bertrand Cantat ne cherchait pas la mise à mort [de Marie Trintignant]. Il cherchait à se faire aimer davantage. » Cette phrase, l’écrivain Jacques Lanzmann l’écrit sans ciller dans une tribune publiée par Libération le 19 septembre 2003. Moins de deux mois plus tôt, dans la nuit du 26 au 27 juillet, Bertrand Cantat a roué de coups Marie Trintignant, à Vilnius, en Lituanie. Après l’avoir allongée dans son lit en prenant soin de recouvrir d’un drap son visage tuméfié, il l’a laissée agoniser pendant des heures. Le 1er août 2003, l’actrice meurt à 41 ans en France, où elle avait été transférée et hospitalisée. C’était il y a vingt ans et c’était un féminicide.
À l’époque, personne n’utilise ce mot forgé par la chercheuse sud-africaine Diana E. H. Russell en 1976, puis théorisé dans les années 1990. En 2003, pour désigner le meurtre de Marie Trintignant, la presse parle de « crime passionnel », un concept journalistique issu de la fin du XIXe siècle qui romantise le meurtre d’une femme par son compagnon, tout en minimisant la responsabilité de l’auteur. Bertrand Cantat a pourtant bel et bien tué Marie Trintignant avec ses poings, pas avec son amour. Vingt ans plus tard, Les Jours reviennent sur les conséquences de ce féminicide sur la prise en compte de ces meurtres conjugaux qui surviennent, aujourd’hui encore, tous les trois jours en France (lire l’épisode 1, « Une femme tous les trois jours »).